Exposition Paysages d’architecture : une promenade à Issy par Raymond Depardon
5 décembre 2018- 30 juin 2019
Inscrite dans l’opération « Métamorphoses, Issy se [ré]invente », cette exposition associe deux grands noms, le photographe Raymond Depardon et l’artiste Jean-Michel Alberola, chargé de la scénographie avec sa fille Théa, un duo inédit et complice qui vous dévoile son regard sur le territoire à travers une quarantaine de photographies. Elle offre un panorama significatif de l’évolution urbaine et de l’innovation architecturale à Issy-les-Moulineaux dans les trente dernières années.
Au Musée, vous êtes invité à suivre les pas de Raymond Depardon au gré de son « vagabondage » dans les rues d’Issy-les-Moulineaux. C’est bien la particularité de l’exposition : en plus de son regard d’artiste et de photographe, il vous donne son point de vue de piéton. Au fil de la découverte des fleurons architecturaux de la Ville, les lignes de Jean Nouvel succédant à celles de Jean- Michel Wilmotte ou Jean-Paul Viguier, entre autres, c’est une atmosphère qui émerge dans l’objectif du photographe : « quand j’entre dans la Ville, j’ai toujours l’impression qu’on arrive au soleil, dans la clarté, dans la couleur et le bien-être ».
À titre d’exemple : Isséane, cette prouesse architecturale réalisée par Landowski dont le passant peut ignorer complètement la fonction d’usine d’incinération, avec sa structure en bois et l’allée végétalisée. Sous l’oeil du photographe, les feuilles deviennent une véritable cascade de lumière.
Son parcours pourrait être celui d’un Isséen qui prend possession de son territoire et de l’espace public. Ainsi, c’est en tant qu’habitant de la Ville qu’il s’interroge : « Je me dis, est-ce que je pourrais vivre ici ? Est-ce que j’irais au cinéma ? Est-ce que j’irais boire un café avec des amis ? Est-ce qu’il y a des librairies ? Où sont les arbres ? Est-ce que je pourrais ne pas prendre la voiture ? Est-ce que je respirerais mieux ? »
Photographe de la France rurale des sous-préfectures « prisonnières du patrimoine du passé », Raymond Depardon donne à voir une ville qui, au contraire, est en mouvement permanent. Sur certaines photos, l’on aperçoit une grue de chantier, un panneau de déviation, autant d’éléments témoins de cette évolution. Un territoire doté d’espaces variés, comme les Bords de Seine, l’île Saint-Germain, la colline avec le fort, des lieux différents propices à des innovations architecturales multiples. Ainsi, sa mue se dévoile progressivement, au détour du groupe scolaire des Chartreux, association audacieuse du chrome et de la couleur rouge que l’artiste qualifie de démarche « révolutionnaire, pour une crèche au milieu de grands immeubles et de sièges sociaux ».
L’architecte, « le plus grand artiste du siècle »
Car ce sont aussi les grands noms des architectes qui ont façonné la ville que le photographe met en lumière. Pour Raymond Depardon, « ces héros d’aujourd’hui » allient l’élégance à l’utile. Ainsi, de nouveaux matériaux comme le bois, le verre et le végétal supplantent l’enduit d’antan, caractéristique des banlieues. En regardant l’immeuble Galéo et le mélange de verre et de métal qui le constitue, le photographe s’interroge sur les besoins de ses occupants : de la lumière pour travailler, un endroit confortable et agréable, proche des transports et de leur logement. Un lieu à la fois beau et fonctionnel qui réponde aux enjeux de notre époque.
« Se confronter à notre temps d’une manière à la fois contemporaine et terre à terre »
dit Raymond Depardon, tel est le défi confié par la Ville aux architectes contemporains. Avec des constructions toujours plus audacieuses, leur travail allie, d’après lui, tout autant une maîtrise des éléments comme le soleil, les ombres, que celle des contraintes fonctionnelles de la gestion de l’espace public. La confiance qu’on leur a accordée témoigne des solutions mises en oeuvre pour trouver de nouvelles façons de vivre.
Pour relater les gestes des architectes qui ont travaillé à Issy, Raymond Depardon a choisi de travailler « à la traditionnelle », avec la chambre 20 x 25, encore utilisée aux États-Unis par les photographes dits « de paysage ». Ses photos combinent ainsi l’héritage de la tradition photographique des années 1900 à l’innovation des bâtiments représentés.
Pour Raymond Depardon, « le rendu est magnifique, car il est proche de la peinture ».
C’est la lumière sans pareil et la boucle de la Seine qui avaient attiré les peintres du siècle dernier. Dans le sillon des oeuvres de génie de Caillebotte, Pissarro et bien d’autres, Raymond Depardon délaisse la Seine au profit du reflet des immeubles de verre, comme l’École de Formation des Barreaux réalisé par Jean-Michel Wilmotte. « Cette exposition est un relai, le constat d’une ville intelligente en 2018 », explique l’artiste. À travers ces photos, il nous invite à penser l’avenir en regardant le présent.
Pour Jean-Michel Alberola, scénographe de l’exposition, ces photos « nous projettent dans l’Issy-les-Moulineaux du futur. Elles ont 10 ans d’avance sur nous. » En nous dévoilant le jour et l’heure exactes des prises de vue, il nous enjoint à imaginer la Ville de demain qui est en train de se construire. Mais pour le moment, laissez-vous subjuguer par les ciels dévoilés par le photographe, qui, pour le scénographe, évoquent ceux d’Hopper, le génie du réalisme américain.
Vous aussi, marchez sur les pas du photographe et visitez la Ville sous son oeil d’artiste. Ainsi, comme lui, vous pourrez dire : « C’était une belle promenade, j’ai appris beaucoup de choses ».
La photo comme témoin du « virage de la modernité »
C’est l’évolution des 30 dernières années que Raymond Depardon a immortalisée à la suite de Robert Doisneau qui, il y a 70 ans, avait dressé le portrait d’Issy. D’après lui, « Issy-les-Moulineaux a pris le bon virage d’une modernité, en respectant le geste de l’architecte ».
Photographiées entre 1945 et 1949, les scènes de Robert Doisneau révélaient des paysages en friches de la ville alors en prise aux mutations industrielles de
l’après-guerre. S’ensuivit un déclin économique et démographique qui fit tomber la population à 45 000 habitantsen 1982. 35 ans plus tard, elle en a regagné près de 25 000 grâce à une politique très attractive de construction de logements et de bureaux et d’une ouverture au monde de l’entreprise, que les photos
de Raymond Depardon vous invitent à découvrir. Il vous présente en effet 15 bâtiments d’utilités différentes réalisés par des architectes de renom qui témoignent du renouvellement urbain qu’a connu près de la moitié du territoire depuis les années 80. À partir des stigmates d’un passé industriel et militaire, la Municipalité a su façonner un cadre de vie agréable par la mise en oeuvre d’un urbanisme dynamique, reposant sur la qualité architecturale des bâtiments et la performance environnementale.
La reconversion du Fort témoigne du renouveau que la Ville n’a cessé d’insuffler à ses quartiers. L’éco-quartier développé sur les 12 hectares de l’ancien
fort militaire propose aujourd’hui 1 620 logements, ainsi que plusieurs équipements d’intérêt collectif : deux groupes scolaires, boulodrome, équipements culturels et sportifs, de nombreux commerces et la piscine fengshui réalisée par les soeurs Mikou dont les courbes reprennent les lignes arrondies des bastions au centre du quartier du Fort. L’association du bois du bâtiment au jardin japonais attenant réalisé grâce aux conseils des jardiniers de la Ville d’Ichikawa montre le soin
accordé à la création et à l’inventivité dans la reconversion de ce quartier où de plus en plus de jeunes viennent s’installer.
L’histoire et la modernité au cœur d’une architecture audacieuse
Plusieurs opérations phares réalisées ou en cours illustrent cette requalification urbaine dynamique et vertueuse, telles que la transformation spectaculaire du
site de l’usine de traitement des ordures ménagères en bords de Seine ou la refonte de l’Hôpital Corentin Celton. Pour bâtir des bâtiments modernes et fonctionnels, la Ville a tenu à les concevoir en réutilisant le patrimoine existant. La forme des bâtiments du Fort, par exemple, propose une transition avec le tissu pavillonnaire voisin. En effet, les maisons font partie intégrante du paysage urbain, et leur préservation est l’un des objectifs municipal depuis de nombreuses
décennies. Sur la pointe aval de l’île Saint-Germain, les maisons modernes et novatrices ont remplacé les anciens quartiers populaires, au bâti dégradé. Depuis
plusieurs années, une forme de « laboratoire d’architecture » s’y développe et quelques grands architectes ont laissé leur signature sur l’île. La maison chocolat réalisée par Éric Daniel-Lacombe en 2007 est un édifice exceptionnel par son architecture minimaliste. À l’extérieur, le béton est laissé brut mais apparaît teinté dans la masse couleur chocolat.
La mixité fonctionnelle au cœur de la promenade
Au cœur de l’organisation de l’espace, c’est surtout la mixité fonctionnelle qu’embrassent les photos de Raymond Depardon. Après les passages cloutés et
les panneaux de signalisation, ce sont des paysages bucoliques tels que les alentours du V-So conçu par Jean Nouvel qui surgissent sur le panneau
suivant. Le photographe applaudit cette « création de vie » perpétuelle qui appelle les transports, les écoles et les entreprises à se côtoyer. Le dialogue établi par la municipalité avec le monde économique a conduit à la construction de nombreux immeubles tertiaires, autant de paysages urbains que Raymond Depardon a su sublimer. Ils participent à la mixité fonctionnelle à laquelle la Municipalité est particulièrement attachée. Ils témoignent également de l’attractivité économique
de la commune qui accueille, dans des locaux à l’architecture souvent audacieuse, de nombreuses entreprises, avec des groupes nationaux et internationaux comme La Poste, AccorHôtels, Bouygues Immobilier, Microsoft ou Colas, et bientôt Orange, Cap Gemini et Nestlé.
En famille, en route pour l’aventure !
En famille, parcourez la ville à la découverte des bâtiments immortalisés par Raymond Depardon ! Votre mission ? Suivre 3 parcours concoctés par la Ville et les éditions Quelle histoire et débusquer les mystères qui y sont nichés… Au fil de ce parcours ludique pour tous les petits malins, les richesses du patrimoine architectural de la Ville vous seront dévoilées ainsi qu’un code secret, sésame de la récompense à récupérer au Musée… L’occasion de découvrir l’exposition sous un nouvel éclairage !
Une riche programmation accompagne cette exposition jusqu’au 30 juin 2019.